samedi 11 janvier 2014

La relation entre le nom et le vœu, par le révérend ryosetsu Fujiwara

Après : Notions préliminaires
 et  le Bouddha Amida 
puis la fonction du nom 
voici la suite de 'Un modèle de la foi du Jôdo Shinshû' par le révérend Fujiwara ryosetsu



IV. La relation entre le nom et le vœu 




1.  La  compassion  d'Amida  et  sa  méthode  de  délivrance  sont 
souvent  expliquées  à  travers  son  vœu.  Quel  est  donc le  vœu 
d'Amida ?
- Le « vœu », ou plus exactement le « vœu primordial », traduit le 
sanscrit  pūrva-praṇidhāna,  et  le  sino-japonais  hongan. 
D'une manière générale, tous les bodhisattva produisent des vœux
et  les  amènent  à  perfection  à  travers  leur  pratique sincère  et 
difficile, afin de délivrer les êtres souffrants etde leur permettre de 
gagner, eux aussi, l'état de buddha. 

2. Tous ces vœux sont-ils semblables ?
- Il y a deux sortes de vœux : les vœux généraux (sōgan) et 
les vœux particuliers (betsugan). 

3. Quels sont ces vœux généraux ?
-  Les  vœux  généraux  sont  ainsi  nommés  parce  qu'ils  sont 
fondamentaux  et  communs  à  tous  les  bodhisattva.  Plus 
concrètement,  ils  sont  connus  sous  le  nom  des  Quatre  vœux 
universels29 

4. Quels sont les vœux particuliers d'Amida ?
- Selon le Grand Sūtra, lorsque Amida était en son rang causal de 
bodhisattva, il produisit  quarante-huit voeux afin de délivrer tous 
les êtres souffrants. Ces vœux représentant tout spécialement la 
compassion  d'Amida,  ils  sont  désignés  comme  ses  «  vœux 
particuliers ». 
Parmi ces quarante-huit vœux, cependant, c'est le 18e vœu qui est  

le  plus  essentiel  et  le  plus  représentatif.  C'est  pourquoi  dans  le 
Shinshū, l'expression « vœu primordial » désigne par excellence 
ce vœu principal30 .

5.  S'il  en  est  ainsi,  pouvons-nous  considérer  que  les  vœux 
particuliers d'Amida ont deux significations ?
-  Exactement.  La  première  signification  de  hongan est  «  vœu 
primordial » dans le sens de « vœu causal », ou « originel ». Dans 
ce cas, il s'agit de tous les  quarante-huit vœux, lesquels ont été 
accomplis  par  la  pratique  d'Amida  durant  des  myriades  de 
périodes  cosmiques,  jusqu'à  son  éveil.  Par  rapport  à  cet  effet, 
chacun des quarante-huit vœux peut donc être considéré comme 
un « vœu causal ». 
La seconde signification de hongan est « vœu primordial » dans 
le sens de « principal » et elle se réfère seulement au  18 e vœu. 
C'est cette dernière signification qui prévaut dans le Shinshū. 

6. Quel est ce 18e vœu ?
- Comme mentionné plus haut, le 18e vœu est le plus important des 
quarante-huit  vœux  d'Amida.  C'est  dans  ce  vœu  qu'Amida 
proclame la voie véritable de la naissance dans sa Terre pure pour 
le bien de tous les êtres. Ce vœu est le suivant : 
Si je deviens buddha et que les êtres des dix directions qui, d'un 
cœur  sincère  et  d'une  foi  réjouie,  désirent  naître  en  mon 
royaume, ne serait-ce qu'en dix nem[butsu], n'y naissaient pas, 
je ne prendrais pas le parfait éveil. Exception faite seulement de 
[ceux qui commettraient]les cinq perversions et la calomnie de 
la Loi correcte. 

7. Quel est le point principal de ce vœu ?
- Shinran nomma ce vœu « le vœu de la foi sincère et réjouie31 ».
Cela signifie que la foi est au cœur du 18e vœu. En outre, selon
Shinran, le cœur sincère et la foi réjouie proviennent de la sagesse 
et de la compassion d'Amida, et c'est pourquoi cette foi véritable 
peut être la cause de la naissance dans la Terre pure. A partir de 
cette foi véritable, la prononciation du nom surgit naturellement 
(jinen)  chaque  fois  que  nous  nous  sentons  heureux  et 
reconnaissants envers le Buddha. Cependant, cette prononciation 
du nom n'est pas la condition de la naissance dans la Terre pure ni 
du nirvāṇa, mais seulement l'expression de la foi et de la gratitude 
intimes. Une telle pratique, pure, sans ego et facile, constitue le 
nembutsu tel qu'il est conçu dans le 18e vœu. 

8. Quelle est la différence entre le nom et le vœu ?
- Le vœu, c'est le désir et la résolution d'Amida de délivrer tous les 
êtres. Dans ce vœu, il a sélectionné le  nom de sorte que les êtres 
puissent  y  avoir  foi  de  tout  cœur  et  le  prononcer.  Suite  à  sa 
pratique sincère et énergique, Amida a mené son vœuà perfection, 
et le nom devint ainsi le meilleur et même l'unique canal pour que 
le commun des mortels puisse communiquer avec le Buddha. En 
d'autres termes, le nom résulte du vœu. Somme toute, le  voeu se 
rapporte à la cause, tandis que le nom constitue l'effet du vœu. 

9. Comment comprendre l'unité du nom et du vœu ?
- En raison de la fiabilité du Buddha Amida, son nom et son vœu 
ne peuvent être séparés l'un de l'autre. Le voeu se rapporte au cœur 
de compassion d'Amida, à travers lequel le  nom a été accompli 
comme méthode pratique et expédiente afin de délivrer tous les 
êtres. D'autre part, le nom n'a de sens que s'il est prononcé sur la 
base  de  la  foi  véritable  dans  ce  vœu.  Par  conséquent,  dans  le 
Shinshū, avoir foi dans le nom d'Amida, c'est simultanément avoir 
foi  dans  son  vœu;  entendre  la  signification  de  son  nom,  c'est 
simultanément  entendre  la  véritable  intention  de  son  vœu  de 
compassion. Somme toute, tant le nom que le vœu peuvent être 
mentionnés comme l'objet de notre « écoute » et de notre « foi ». 

10.  Le vœu et le nom sont-ils tous deux nécessaires pour que le 
Buddha Amida puisse nous délivrer ?
- Certainement. Sans le vœu, le nom serait vain; et sans le nom, le 
vœu serait stérile. Pour l'accomplissement de la délivrance, le vœu 


et le nom sont d'une nécessité vitale de la part du Buddha, tandis 
que la foi et la prononciation du nom en sont les reflets du côté des 
fidèles. 

11. Il est couramment dit que la compassion d'Amida est illimitée 
et  insondable.  Tel  semble  bien  être  le  cas  tant  que nous  nous 
bornons à la première partie de son 18e vœu. Cependant la phrase 
finale de ce dernier donne l'impression qu'il ne délivrera pas les 
êtres  ayant  perpétré  des  fautes  aussi  graves  que  les  cinq 
perversions et la calomnie de la Loi correcte. Pourquoi en est-il 
ainsi ? 
-  Apparemment,  le  vœu  semble  exclure  ces  fautes  gravissimes. 
Cependant, selon Shandao11 , ce n'est pas une exclusion définitive 
mais  seulement  un  avertissement  qu'Amida  adresse  à  ceux  qui 
auraient la potentialité de commettre des fautes aussi graves; ainsi, 
bien loin d'oublier ceux qui auraient réellement commis de telles 
fautes,  Amida  les  délivrera  sans  hésitation.  Cet  avertissement 
provient de sa sagesse,  et  la  délivrance  universelle est due  à sa 
grande compassion. 

12. Shinran partageait-il la même opinion ?
- Oui, il élargit même la théorie de Shandao. Il porta une attention 
toute spéciale au fait que cette « exclusion » n'apparaît que dans le 
18e vœu  et  que  ce  vœu  est  primitivement  destiné  à  ceux qui 
pourraient facilement commettre des fautes aussi graves. Dans ses 
Dédicaces  des  vénérables  noms  et  portraits  authentiques33 ,
Shinran déclare que cette « exclusion » montre seulement à quelle 
sorte  d'êtres  ce  vœu  est  destiné,  tout  en  nous  disant 
paradoxalement que même des personnes aussi mauvaises seront 
délivrées sans exception - parce qu'elles sont précisément l'objet 
de  l'intérêt  d'Amida.  Somme  toute,  cet  avertissement  montre 
l'intérêt  illimité  d'Amida  pour  tous  les  êtres,  au  lieu  d'exclure 
réellement et définitivement des personnes aussi mauvaises. 



13. En dehors du 18 e  vœu, quels sont les autres vœux importants ? 


- Les 11e, 12e, 13e, 17 et 22e vœux sont également importants. 
Le  11 vœu est celui par lequel ceux qui ont la foi sont assurés 
d'atteindre  infailliblement  le  nirvāṇa.  Les  12e et 13e vœux promettent,
respectivement,  que  la  lumière  et  la  vie  d'Amida  
seront illimitées; cela signifie que la lumière et  la vie de quiconque 
a  atteint  l'état  de  buddha  sont  également  illimitées.  Le  17vœu 
promet que le nom d'Amida sera loué et largement proclamé par 
tous les Buddha; en fait, ce nom est l'objet de notre foi et de notre 
prononciation,  comme  l'enseigne  le  18e  vœu.  Ces  cinq  vœux 
(11-13, 17-18) forment un processus complet, depuis la première 
audition  du  nom  jusqu'au but  ultime  du  nirvāṇa;  et  Shinran  les 
dénomma « les cinq vœux véritables ». 
Enfin, le  22e vœu assure qu'en atteignant l'état de buddha, nous 
posséderons les pouvoirs permettant de venir en aide à tous les 
êtres. En réalité, tous ces vœux sont déjà impliqués par le 18
vœu.  Tant et si bien que nous pouvons dire que le 18vœu à lui seul   
constitue le vœu primordial. 




___________


Notes  :

29
Les  Quatre vœux universels(shiguzeigan) : « Les êtres sont
innombrables, et je m'engage à les délivrer! Les passions sont innombrables,
et je m'engage à les trancher! Les doctrines sont inépuisables, et je m'engage à
les connaître! La bodhi est insurpassable, et je m'engage à la réaliser! »(v. Le
Gué, p. 76).

30
On  le  désigne  aussi  comme  le  «  vœu  particulier  parmi  les  vœux
particuliers » (betsugan chūno betsugan).

31
« Shishin-shingyōno gan», lit. « vœu du cœur sincère et
de la foi réjouie »; Kyōgyōshinshō, ch. III, intro. et § 1 (CWS, p. 78-79).

32
V. son  Commentaire  (vol. 4) et ses  Hymnes de liturgies(vol. 1), cités
dans  le  Kyōgyōshinshō (ch.  III-122,123;  CWS,  p.  148-149).  Les  cinq
perversions (gogyaku) sont : le paricide, le matricide, le meurtre d’un
saint, faire couler le sang d’un buddha et causer le schisme de la communauté.

33 CWS, p. 494.


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