lundi 18 novembre 2013

La fonction du Nom par Fujiwara ryosetsu

Le Nom en six caractères : Na.mo.A.mi.da.Butsu 



Après : Notions préliminaires et  le Bouddha Amida voici la troisième partie de 'Un modèle de la foi du Jôdo Shinshû' par le révérend Fujiwara ryosetsu.


III. La fonction du nom 





1.  Quelle est la place doctrinale du nom  (myōgō )dans le 
Shinshū?
- La place du nom du Buddha, « Namo Amida Butsu», est d'une 
importance vitale dans l'enseignement du Shinshū. Sans ce nom, le 
Shinshū ne pourrait se fonder, car il est au cœur du vœu d'Amida. 


2. Où et comment Amida mentionne-t-il son nom ? 
- Dans son 17e vœu19 , Amida fait le vœu que son nom sera loué et 
prononcé par tous les Buddha, le faisant ainsi connaître de tous les 
êtres  pour  qu'ils  le  prononcent.  Dans  le  18 e vœu,  Amida  fait 
également le vœu que tous les êtres qui ont foi et prononcent son 
nom iront infailliblement naître dans sa Terre pure. Ces vœux ont 
été menés à leur terme par Amida à travers sa longue période de 
discipline, accomplie sur des myriades de périodes cosmiques. 


3.  Pourquoi Amida a-t-il sélectionné le nom comme le moyen le 
plus efficace pour la délivrance de tous les êtres ? 
- Il y a au moins deux raisons20
a) pour les gens ordinaires, il est  facile d’entendre le nom, de s’y 
fier et de le prononcer; tandis que les autres pratiques - telles les 
six  pāramitā21 ou  la  commémoration  contemplative  du  Buddha 
(kannembutsu) - sont réservées aux personnes de grande 
intelligence; 
b) la valeur du nom est excellente, parce qu'il a été accompli par 
le vœu et la pratique sincères d'Amida et qu'il incorpore donc ses 
mérites absolus. 



4.  La facilité du nom est compréhensible; mais il est plutôt difficile 
de comprendre comment le vœu et la pratique d'Amidaont produit 
l'excellencede son nom.
- Dans notre monde, un nom ne représente pas nécessairement une 
réalité : un nom est un symbole. Il pourrait donc sembler que le 
nom d'Amida n'est qu'un nom, et rien de plus. Mais d'un point de 
vue spirituel et religieux, son nom n'est pas qu'un nom vide; pas 
plus que son vœu ne serait qu'un vœu pieu, d'origine humaine et 
incertain.  L'éveil  du  Buddha  est  vraiment  la  perfection  de  la 
sagesse  et  de  la  compassion.  Par  la  réalisation  de  la  sagesse 
spirituelle et intuitive, il embrasse la vérité ultime de l'ainsité; et 
par les activités de sa compassion absolue, il manifeste son éveil 
dans son nom, comme un canal de communication avec  tous les 
mortels  ordinaires.  Ainsi  que  Shinran  l'a  souligné, le  nom 
incorpore  le  mérite  total  d'Amida  et  il  représente  aussi  la  Loi 
ultime telle qu'elle est. Ainsi, on ne peut pas trouver de séparation 
entre ce saint nom et la réalité de la nature de laLoi22.


5.  Pouvons-nous donc considérer le nom comme un aspect de la 
bouddhéité ?
- Son nom est la seule manière par laquelle Amida entre en contact 
avec les gens ordinaires de notre monde. En d'autres termes, pour 
nous,  le  nom  «  Namo  Amida  Butsu »  est  le  seul  aspect  de  ce 
Buddha que nous puissions appréhender dans les limites de notre 
expérience humaine. 


6. Vous avez expliqué : (1)comment l'ainsité  (le corps de la Loi en 
tant que nature de la Loi)devient le Venu-de-l’ainsité  (le corps de 
la  Loi  en  moyens  adaptés), pour  se rapprocher  de la  condition 
humaine;  et  (2) comment  le  Venu-de-l’ainsité  se  manifeste 
lui-même dans son nom, pour (3)devenir l'objet de notre foi et de 
notre  prononciation.  Cependant,  ces  trois  étapes  de  l'approche 
d'Amida  vers  les  êtres  semblent  diverger  considérablement  du 
système  des  trois  corps.  Pourquoi  le  Shinshū a-t-il  adopté  ce 
système des trois étapes en le soulignant spécialement ? 
-  Les  deux  premières  étapes  de  cette  approche  ont  d'abord  été 
formulées  par  Tanluan.  Mais  Shinran  a  également  souligné  la 
signification du nom. En fait, il pensait que là oùse trouve le nom, 
là  est  le  Buddha  Amida;  et  chaque  fois  qu'il  prononçait  le 
nembutsu,  il  se  sentait  comme  en  communion  avec  son  parent 
spirituel. 


7. La notion des trois corps n'a-t-elle donc pas plus d'importance 
dans  le  Shinshū?  Et  Shinran  ne  respectait-il  pas  le  Buddha 
Śākyamuni comme le corps de transformation ?
- Shinran adopta également la notion des trois corps, et il va sans 
dire qu'il témoignait de son respect envers le Buddha Śākyamuni 
comme le fondateur du bouddhisme23 . 
Amida  et  Śākyamuni  sont  apparemment  deux  buddha 
différents : Amida est un buddha à la longévité infinie, tandis que 
Śākyamuni est un buddha historique, pourvu d'un corps physique; 
Amida a proclamé son 18 e vœu comme le meilleur moyen pour 
tous les êtres d'atteindre l'état de buddha, tandis que  Śākyamuni 
enseigna d'innombrables moyens pour guider toutes sortes de gens; 
Amida nous appelle de sa Terre pure, tandis que Śākyamuni nous 
encourage,  de  ce  monde-ci,  à  rejoindre  le  royaume  du  nirvāṇa. 
Mais,  en  dépit  de  ces  différences,  ces  deux  buddha  sont 
essentiellement un, car l'éveil de tous les Buddha est identique. 
En outre, le Shinshū considère bien Śākyamuni comme le corps 
de  transformation  du  Buddha  Amida.  Ainsi,  selon  Shinran,  la 
raison originelle de la venue de  Śākyamuni en ce monde (shusse 
hongai)  était  seulement  d'enseigner  le  vœu  de 
compassion d'Amida24 . Par conséquent, souligner la signification 
du  nom  d'Amida,  c'est  suivre  fidèlement  l'enseignement  de 
Śākyamuni25 .


8. Ces trois étapes de l'approche d'Amida vers les êtres sont-elles 
essentiellement différentes les unes des autres ? 
- Non. Essentiellement, ces trois sont identiques et ne font qu'un. 
La substance de chacune est l'ainsité : l'eau de la mer peut être 
fouettée en vagues, mais les vagues sont, en essence, encore de 
l'eau. 


9. On aura compris que le nom révèle la Loi (Dharma)elle-même. 
Quelles sont les autres fonctions du nom ?
-  Puisque  le  nom  est  la  manifestation  de  la  nature  de  la  Loi, 
 il représente,  dans  un  sens  religieux  et  spirituel,  le vœu  de 
compassion d'Amida de délivrer tous les êtres. Dans l'une de ses
lettres, Rennyo, le 8 patriarche du Honganji, déclare ainsi : « Le 
Venu-de-l’ainsité  Amida  a  établi  le  vœu  dit  de  Namo  Amida 
Butsu »26 . Par «  Namo Amida Butsu», il entendait, dans ce cas : 
ceux  qui  ont  foi  seront  infailliblement  délivrés  par  le  pouvoir 
libérateur d'Amida. 


10. Quel est le lien entre le nom et l'éveil de la foi ?
- Notre foi est établie lorsque la compassion d'Amida est reçue en 
nos cœurs à travers le nom. Ainsi, le nom est d'une nécessité vitale 
pour l'éveil de la foi; nos cœurs sont toujours changeants, mais le 
nom  est  digne  de  foi.  C'est  pourquoi  Shinran  déclare  dans  le 
Kyōgyōshinshō que la foi «  a pour substantifique moelle (tai  㜚)le 
nom vénéré aux mérites suprêmes27 .» 
Et Rennyo disait également : « Sachez que même l'obtention de la 
foi est contenue dans le nom en six caractères; ainsi donc, la foi ne 
se trouve nulle part ailleurs hors ces six caractères28


11.  Le  nom  peut  être  d'une  grande  valeur  pour  ceux  qui  le 
comprennent;  mais  pourquoi  tant  de  gens  ne  sont-ils pas 
conscients de sa signification ? 
- Cela est dû à l'immaturité de leurs conditions pour l'éveil de la foi. 
Les conditions antérieures (shukuen) diffèrent pour chaque 
personne. Cependant, les Buddha s'efforcent toujours d'influer sur 
chaque personne par tous les moyens possibles, notamment par la 
prédication dans les sūtra, et même par des moyens invisibles ou 
inaudibles. C'est là le but du 17 e vœu d'Amida. Et, grâce à l’œuvre 
de tous les Buddha, même les gens qui n'ont pas conscience du 
Buddha  Amida  finiront,  tôt  ou  tard,  par  avoir  foi  en  sa 
bienveillance  et  prononceront  le  nembutsu.  C'est  là  la  vie 
religieuse proclamée par le 18 e vœu. 






(à suivre) . . .
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19 La traduction des principaux vœux est donnée dans l’Appendice 1.

20 Celles-ci sont exposées par Hōnen : Le Gué, p. 82 et suivantes.

21 Les six perfections transcendantes cultivées par les bodhisattva : le don, 
la moralité, la patience, l'énergie, la méditation et la sagesse. 


22 C'est  ce  que  les  maîtres  postérieurs  à  Shinran  ont  dénommé  « 
indivisibilité du nom et de la réalité de son objet» (myō-tai funi). En 
terme de linguistique, on pourrait parler d'identité du signifiant et du signifié. 


23 Notamment dans ses Wasan (CWS, p. 380 et 407).

24 Shōshinge, stances 6 et 12. 

25 C’est « la concordance des deux Vénérés » (nison icchi), ou « 
l’enseignement unique des deux Vénérés » (nison ichigyō)

26 GobunshōV-8 (cf. Rogers, p. 248). Rennyo ⬒ᅤ(1415-1499) est le plus 
célèbre des descendants et successeurs de Shinran.

27 Ch. III-21 in fine(CWS, p. 95).

28 Gobunshō, V-13 (Rogers, p. 252). 









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