Après :
I Notions préliminaires
II le Bouddha Amida
III la fonction du nom
IV la relation entre le nom et le vœu
V La nature de la Foi
Voici la sixième partie du texte 'Un modèle de la foi du Jōdo-Shinshū' du Révérend Fujiwara Ryōsetsu , traduit et annoté par Rev. Jérôme Ducor.
Joyeuse lecture ! !
- Non. Dépourvu d'ego, ce
nembutsu provient de la bienveillance d'Amida, comme dans le cas de la foi.
Le Tannishō(ch. 10) dit : « Dans le
nembutsu, c'est le non-sens (mugi)
qui est sens
(gi); parce qu'il
est incalculable, inexplicable et
inconcevable. » L'absence de calcul et d'ego, ainsi que la foi de tout notre
cœur constituent notre attitude de base, [comme dans la formule d'ouverture des
sūtra qui dit :] « Voici tel quel ce que j’ai entendu» (nyoze ga mon)45.
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41 Ce chapitre utilise le terme nembutsu dans le sens spécifique de
« nembutsu jaculatoire » (shōmyō nembutsu), autrement dit : la
prononciation du nom du Buddha Amida.
42 Le 18 e vœu dit en effet : « ne serait-ce (naishi) qu'en dix nembutsu
(jūnen) »; cf. plus haut : IV-6. V. aussi Le Gué, p. 91.
43 Kyōgyōshinshō, ch. II-77 (CWS, p. 56).
44 Ch. III-50 (CWS, p. 107).
45Voir Shinran : Kyōgyōshinshō, ch. VI-37 (CWS, p. 227).
46 Ch. II-1 (CWS, p. 13).
47 Il vient du Sūtra des contemplations; cf. Le Gué, p. 88-89, 149.
48 La formule s'inspire du Poème louant le Buddha Amidade Tanluan.
49 La formule ouvre le Traité sur la Terre purede Vasubandhu.
I Notions préliminaires
II le Bouddha Amida
III la fonction du nom
IV la relation entre le nom et le vœu
V La nature de la Foi
Voici la sixième partie du texte 'Un modèle de la foi du Jōdo-Shinshū' du Révérend Fujiwara Ryōsetsu , traduit et annoté par Rev. Jérôme Ducor.
Joyeuse lecture ! !
VI. La signification du nembutsu
1. Si la foi est la vraie cause pour la naissance dansla Terre pure et l'éveil, quelle est la nature du nembutsu? 41
- Dans le Shinshū, le nembutsu est la manifestation de notre foi intérieure, c'est-à-dire l'expression spontanée de notre gratitude envers Amida pour nous avoir délivrés (shōmyō hōon). De même que la foi est éveillée par le Pouvoir autre, le nembutsu est aussi éveillé par le Pouvoir autre. Par conséquent, nous ne devons avoir aucun attachement à notre propre action de le prononcer.
2. Comment pouvez-vous dire cela ? Le 18e vœu semble requérir
le nembutsu comme condition pour
la naissance dans
la Terre pure ! 42 - Dans la tradition de l'enseignement de la Terre pure en général,
jūnen est compris comme signifiant « dix prononciations du nom du Buddha »;
tandis que naishi y signifie « même », « jusqu'à ». Mais Shinran
interprète naishi comme un
mot signifiant « plusieurs et un seul »43. Le terme naishi ne limite pas le nombre de nembutsu ni sa durée dans le temps.
Ainsi, naishi-jūnen ne signifie pas nécessairement dix prononciations
exactement : l'expression implique n'importe
quel nombre, depuis
des répétitions innombrables
jusqu'à une seule prononciation. La prononciation du nom ne peut être la
condition ni la cause de la naissance dans la Terre pure : elle ne constitue
que l'expression spontanée de notre foi intérieure. Shinran dit ainsi dans
le Kyōgyōshinshō: « La foi véritable est nécessairement
accompagnée du nom. »44
3. Nous ne
devons donc pas
considérer la prononciation du nembutsu comme notre propre
mérite ?
4. La foi et le nembutsu apparaissent-ils simultanément ? Si
non, lequel vient-il en premier ? - La
foi est éveillée en premier, et notre naissance dans la Terre pure est
aussitôt fixée dès cet instant-là. Il n'y a aucune place pour que la
prononciation du nom
s'immisce dans ce
moment-là. Le nembutsu suivra
l'éveil de la foi; il se manifestera à voix haute ou à voix basse,
de manière continue
ou intermittente, chaque
fois qu'un sentiment de joie et de gratitude s'élève dans notre cœur.
5. Dans le Tannishō (ch. 2), Shinran exprime sa foi en disant qu'elle ne consiste en rien d'autre qu'en l'enseignement de son maître Hōnen, soit : « Nous serons délivrés par 'Mida seulement grâce au nembutsu. » N'est-ce pas en contradiction avec votre explication précédente sur la foi et le nembutsu?
- L'enseignement de Hōnen et de Shandao se caractérisait par l'insistance sur le nembutsu, par contraste avec les diverses autres pratiques requises par les autres écoles. Cependant, dans l'enseignement de Hōnen et de Shandao, le nembutsu consiste en une prononciation du nom d'Amida fondée sur la foi véritable. Il ne s'agit pas d'un nembutsu du pouvoir personnel mais de la
méthode caractéristique de la délivrance proclamée par Amida dans son vœu. Shinran utilisait aussi l'expression « nembutsu » notamment lorsqu'il se référait à l'enseignement de Shandao ou de Hōnen.
6. Le nembutsu est-il « l'expression de la gratitude » ou « lagrande pratique»?
- Nous prononçons le nembutsu spontanément, comme une expression de bonheur et de gratitude : nous ne trouvons donc aucun mérite dans notre propre prononciation. Mais cependant, d'une manière plus essentielle, les mérites absolus incorporés dans le saint nom lui-même le constituent en « la grande pratique » (daigyō), laquelle a été accomplie par Amida et se trouve en accord avec l'ainsité - comme l'a établi Shinran dans le volume de la pratique du Kyōgyōshinshō 46.
7. Le nembutsu
consiste-t-il en la prononciation du
« nom en six caractères», de
celui « en neuf caractères»ou encore de celui « en dix caractères»?
- Le nom en
six caractères chinois est Na.mo A.mi.da Butsu,
qui signifie :
« Révérence
au Buddha Amida ! »,
et c’est le plus répandu47. Mais on sait historiquement que Shinran et
ses disciples prononçaient
occasionnellement le nom en
neuf caractères ou celui en dix caractères.
Le nom en neuf
caractères est Na.mo Fu.ka.shi.gi.kōNyo.rai,
ce qui signifie
: « Révérence
au Venu-de-l’ainsité
Lumière-Inconcevable !»48
Celui en dix
caractères est Ki.myō jin.jip.pō Mu.ge.kō Nyo.rai et
signifie : «
Je m’en remets
auVenu-de-l’ainsité Lumière-Illimitée remplissant les dix directions !
»49
Ces deux
dernières formulations expriment la foi dans le Buddha Amida et
ne diffèrent donc
pas du contenu
du nom en six caractères.
8. Le nembutsu doit-il se prononcer en japonais ou en traduction ?
- Le nom en six caractères est une transcription phonétique du sanscrit au moyen de caractères chinois. Par la suite, il fut épelé avec l'alphabet japonais, puis latin. Dans le cas du nom en neuf caractères et de celui en dix caractères, il s'agit entièrement de traductions chinoises prononcées en japonais, à l'exception de l'expression namo, transcrivant le sanscrit. Comme notre Fondateur Shinran passe pour avoir utilisé aussi bien la formule en transcription que celles en traduction, nous pouvons tout aussi bien prononcer le nembutsu en japonais, en anglais ou dans quelle qu’autre langue que ce soit. Le point vital, c'est que la foi constitue la base du nembutsu.
9. Le nembutsu doit-il prendre une forme spéciale ou peut-il
être prononcé dans des formes simplifiées ?
- Au cours de
la longue histoire
de la pratique
bouddhique, plusieurs formes de
nembutsu sont apparues, mais le Shinshū ne requiert aucune
prononciation formalisée, sauf
dans le cas des
liturgies. Certaines gens
le prononcent à
la manière régulière
« Namo Amida Butsu »,
d'autres dans la
forme simplifiée « Nam'an-da bu». Selon les circonstances, on
peut même ne pas avoir plus de temps que de dire une seule syllabe, comme «
Nah» ou « Ah». Enfin, certains peuvent
se trouver dans l'impossibilité de le prononcer et le disent dans le silence de
leur cœur. Quoi qu'il
en soit de
ces différences superficielles, elles
ne changent absolument rien à la valeur
du nembutsu, parce
que tous les mérites sont incorporés dans le saint nom
lui-même,et non dans la forme de sa prononciation.
Mugeko Nyorai : Le Tathagata Lumière Infinie |
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41 Ce chapitre utilise le terme nembutsu dans le sens spécifique de
« nembutsu jaculatoire » (shōmyō nembutsu), autrement dit : la
prononciation du nom du Buddha Amida.
42 Le 18 e vœu dit en effet : « ne serait-ce (naishi) qu'en dix nembutsu
(jūnen) »; cf. plus haut : IV-6. V. aussi Le Gué, p. 91.
43 Kyōgyōshinshō, ch. II-77 (CWS, p. 56).
44 Ch. III-50 (CWS, p. 107).
45Voir Shinran : Kyōgyōshinshō, ch. VI-37 (CWS, p. 227).
46 Ch. II-1 (CWS, p. 13).
48 La formule s'inspire du Poème louant le Buddha Amidade Tanluan.
49 La formule ouvre le Traité sur la Terre purede Vasubandhu.
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